Témoignage d'un prêtre Jubilaire

Abbé J-M Mwamba

A l’occasion de mes 25 ans de sacerdoce, l’honneur m’échoit de faire un témoignage de ma vocation et  de mon parcours très varié avant de dire ce que le Christ représente pour moi aujourd’hui et ce qu’il m’a apporté pendant ces 25 ans de prêtrise.

Je suis le deuxième enfant d’une famille nombreuse dont sept sont décédés. Au lendemain de l’indépendance du Congo, Kasaïens, nous avons été expulsés du Katanga où mon père travaillait comme opérateur radio à la base militaire de Kamina.  

De retour à Bakwanga – aujourd’hui Mbuji-Mayi – nous n’avions nulle part où nous loger, pas même un toit pour nous protéger.}N}{N{A quelque chose malheur est bon, dit le dicton ! Le vent du destin nous repoussa vers l’intérieur, à 20 km de la ville. Ce repli fut pour moi la main du destin. Un prêtre, inspecteur de l’enseignement catholique, venait chaque dimanche célébrer des messes dans le hangar qui nous servait d’église. Les gestes et les ornements de ce serviteur de Dieu, durant ses célébrations, me fascinaient. Le rêve de devenir un jour comme lui a hanté sans répit mon corps et mon esprit d’enfant. A 5 ans déjà, je jouais sans cesse à ce prêtre officiant. J’entamai mes études primaires et pus les achever sans peine. Le désir de devenir prêtre ne cessait de bouillir en moi.  

Au terme de mon cycle d’orientation, respectant mon choix, mon père me conduisit auprès d’un missionnaire de la congrégation de Scheut afin de solliciter mon inscription au petit séminaire.Celui-ci demanda mon bulletin; après l’avoir examiné, il nous le rendit en nous conseillant de nous présenter dans une autre école car il fallait au minimum  75% des points sur l'ensemble des matières pour entrer en troisième. C’est alors que je me suis inscrit dans une école pédagogique où j’ai achevé mes humanités en 1977.

Je me suis accordé trois ans d’activités professionnelles comme enseignant. Ce fut l’occasion de réfléchir et de mûrir mon choix.}N}{N{En juin 1980, ma décision est prise : j’allais entrer au séminaire. J’ai été envoyé dans la province du Kasaï Occidental pour mes études de philosophie et théologie.

Une très belle période dont les excellents souvenirs restent vivaces. Fin de l’année 1987, je me fais éjecter par mon évêque pour avoir correspondu avec un séminariste aîné qui passait son année de réflexion au lycée.Récupéré par le grand séminaire Mbujimayi et engagé comme bibliothécaire, j’y ai travaillé comme employé. A l’issue de cette expérience d’une année, le diocèse me reprit et m’envoya dans une “quasi-paroisse ” (communauté en voie d’être érigée en paroisse) avec, comme mission principale, l’ouverture d’une école.

L’année suivante, je fus ordonné diacre et nommé responsable des œuvres diocésaines pour handicapés. Six mois plus tard, le mercredi  2 août 1989, je recevais l’ordination sacerdotale des mains de Mgr J. Nkongolo, évêque de Mbujimayi. J’ai été nommé vicaire de paroisse de brousse pendant 4 ans avant d’être nommé ailleurs curé, fonction occupée jusqu’en mai 2000.

En octobre 2000, sur recommandation de mon évêque, j’ai voyagé vers la Belgique pour faire des études à Lumen Vitae. Vu la pénurie de prêtres et pour avoir une insertion pastorale, j’ai été sollicité par le curé de Gerpinnes, le père Joseph Vennix avec qui j’ai agréablement collaboré pendant 6 ans. Cet appel m’a été confirmé par la nomination établie par Mgr J. HUARD évêque de Tournai, le 11 janvier 2001. Après le départ du curé, j’ai continué à travailler avec son successeur pendant 4 ans.

Après 10 ans de ministère au pays des Rolendiens,  j’ai reçu la nomination comme vicaire à l’UP de Tournai où je travaille avec le doyen M. Decarpentrie comme membre de l’EAP.

Que retenir de ce parcours ? Fidèle à lui-même et à Son dessein, Dieu se sert de toutes les médiations  pour atteindre qui Il veut et quand Il veut pour l’attirer à Lui.

Mon parcours a été jalonné d’embûches, de contrariétés et d’adversités. A travers les interstices du doute, du clair-obscur et du désespoir, brille toujours une étincelle divine qui permet de poursuivre le chemin. Le Christ est, pour moi aujourd’hui, l’homme idéal plein d’humanité et de bonté, celui dont le regard pénètre la personne et lit en son cœur, non sans le toucher. En tant que Dieu, Il me donne la force de mieux exercer, en Son nom, mon ministère sacerdotal.

Pendant ces 25 années de sacerdoce, Il n'a cessé de me procurer la joie et le bonheur de Lui être dévoué et, avec Son aide, de rester jusqu’à la fin de mes jours à Son service et à celui de l’Eglise.

J'exprime à ceux et celles que je côtoie journellement ma plus profonde reconnaissance pour leur soutien spirituel et matériel. Un merci spécial à tous ceux qui m’ont fait grandir et qui, au long de ces années, par leurs prières, leurs exemples et leurs encouragements m’ont aidé à rester fidèle à mon sacerdoce.

J-M MWAMBA